C’est un fait, la randonnée à skis est une pratique à la mode. Le succès des courses de ski-alpinisme et la fréquentation croissante des itinéraires classiques en témoignent. Certaines stations, à l’instar de Morgins, Crans-Montana, Vercorin ou Saint-Luc ont d’ailleurs balisé des itinéraires sécurisés pour les randonneurs en bordure de leur domaine skiable. La région du Grand-Saint-Bernard, à cheval entre l’Entremont et la commune de Saint-Rhémy-en-Bosses (Italie), voit plus grand. Elle entend faire du ski de randonnée un vrai produit touristique, devenant ainsi une référence européenne en la matière. Le projet a été lancé dans le cadre du programme européen Interreg. Un million de francs est dévolu à ce projet par un fonds européen. La Suisse bénéficie de 250 000 francs, l’Italie de 750 000 francs.
40 itinéraires et une nouvelle haute route
Le cœur du projet est le recensement de 40 itinéraires de ski de randonnée à cheval entre la Suisse et l’Italie sur une application. Onze se situent entre l’Entremont et le val de Bagnes, 30 du côté italien. La plateforme contiendra également des informations relatives à la météo, aux conditions d’enneigement et aux différents services touristiques. «Contrairement aux rando-parcs développés en bordure de piste, ces itinéraires ne sont toutefois pas sécurisés», souligne Florence Gessler, chargée du projet à l’Antenne Région Valais romand. «Il s’agit de parcours en montagne, parfois proches des remontées mécaniques, mais la sécurité est de la responsabilité de chacun.» Pour favoriser la coopération de part et d’autre de la frontière, un service de ski bus sera mis en place. «Il reliera les différents itinéraires pour désengorger les parkings et favoriser les courses transfrontalières», ajoute Corrado Jordan, syndic de Saint-Rhémy-en-Bosses. Par ailleurs, une nouvelle haute route de cinq jours autour du Grand-Combin sera tracée. «Elle permettra aux randonneurs d’aller plus loin et de découvrir des coins plus sauvages en haute montagne, entourés de professionnels», commente Daniel Coquoz, président des Guides de Verbier.
Générer des nuitées
Aujourd’hui, bien que fortement pratiqué, le ski de randonnée ne génère pas beaucoup de recettes. Une étude réalisée par l’Observatoire valaisan du tourisme dans le cadre du projet Interreg le prouve. Le niveau des dépenses journalières moyennes d’un randonneur se situe entre 20 et 30 francs. «Cela s’explique par le fait que le public interrogé est régional», informe Florence Gessler. «Le but de cette étude est de cibler les besoins des utilisateurs pour construire un produit touristique et de là attirer une clientèle étrangère et générer des nuitées.» Dans le paysage touristique valaisan, le Pays du Saint-Bernard est une exception. La destination réalise 75% de ses nuitées en été. «Chaque nuitée hivernale est donc bonne à prendre», lâche Julien Moulin, président de la région Pays du Saint-Bernard. «Le ski de piste a été renforcé grâce au Pass. Le but est d’attirer des agences étrangères et des tour-opérateurs grâce à la randonnée.» Le projet devrait voir le jour dès l’hiver prochain
Source : Le Nouvelliste, Sophie Dorsaz, 24.12.2019
Illustration : Pays-du-Saint-Bernard