Depuis 5 générations, la famille Premand travaille dans le domaine du sciage. Thierry Premand (54 ans) a repris l’entreprise familiale située à Troistorrents dans le Val d’Illiez en 1999. Dès le début, il a régulièrement dû faire face à de nombreux investissements afin de pérenniser son activité. La construction d’une halle de stockage, l’installation d’un séchoir et d’une chaudière à bois pour l’élimination des déchets ainsi que d’autres améliorations ont été apportées au fil des années. En 2016, contraint de remplacer l’ancien ruban à grume datant de 1987, Thierry s’adresse à l’Aide Suisse aux Montagnards. La Fondation est intervenue avec un coup de pouce essentiel à la survie de l’entreprise. Avec le soutien reçu, Thierry peut désormais faire face à la concurrence internationale, poursuivre ses efforts pour la mise en valeur du bois suisse et assurer l’avenir de son fils Killian (25 ans) en lui laissant plus tard une société moderne et performante sur le plan technologique.
« La première scierie Premand a été enregistrée au registre du commerce par mes ancêtres en 1883. Cela ressemble à une passion familiale contagieuse », confie Thierry Premand, les yeux tournés vers une ancienne photo le représentant petit garçon entouré de son grand-père, de son père et de son oncle. Il poursuit : « J’ai fait des études commerciales, car mon père souhaitait que j’aie deux formations en cas de pépin, mais j’ai toujours su que ma vie serait entre les murs de cette scierie où j’ai grandi ».
Concurrencer avec un produit de qualité
Depuis 1990, les scieries en Suisse ont été particulièrement touchées par la conjoncture. Ces dernières années, il y a eu notamment la fixation du prix plancher pour l’euro, la concurrence et la Lex Weber, limitant la construction de résidences secondaires. Face à une concurrence étrangère qui mise sur des produits semi-finis et sur des prix très bas, la scierie Premand, n’a qu’une alternative : proposer du bois sec et calibré de haute qualité ainsi que des standards environnementaux élevés. La coopérative « La Forestière » du canton de Vaud et du Valais alimente la scierie à hauteur de pratiquement 100%. Celle-ci et les communes environnantes fournissent la scierie en bois brut, c’est-à-dire sous forme de troncs ébranchés et recouverts d’écorce, d’une longueur de 23m maximum. Les scieurs débitent ensuite les grumes selon la spécificité de la commande en les transformant en bois de charpente, carrelets, madrier chalet, menuiserie de différentes épaisseurs, bois rabotable ou encore en plaquettes et sciure pour le chauffage ou la fabrication de pellets régionaux (Valpellet). La récupération des déchets est une étape fondamentale pour gagner en compétitivité sur le marché et réduire l’impact environnemental.
Un projet longuement mûri afin d’anticiper l’avenir
Thierry explique : « Toutes les scieries existantes en Suisse ont une tradition familiale. Aujourd’hui, il est impossible de les vendre, car elles ne sont pas rentables ». Thierry a la chance d’avoir à ses côtés son fils aîné Killian. Passionné par ce métier, ce dernier a aussi achevé des études commerciales et enchainé avec un apprentissage de scieur dans l’entreprise familiale. Il seconde désormais son père et se destine à la reprise de l’activité en temps voulu. Thierry relève : « Toutes ces années à la tête de la scierie ont été un défi pour moi. Pour moderniser les installations et nous adapter à la rapide évolution du marché du bois, les investissements se sont succédé une année après l’autre. Je continue d’investir dans cette activité pour garantir un avenir à mon fils ainsi qu’à nos employés. Ma femme Francine, responsable du secrétariat et de la comptabilité, est mon précieux bras droit. Sans son soutien, tout cela n’aurait pas été possible».
L’ancienne scie à ruban datant de 1987 ne permettait plus d’assurer la réactivité et la rapidité face au délai des commandes et lors du processus de sciage. Le guidage électronique devenait défaillant, le danger d’accidents mécaniques important et trouver des pièces de remplacement en cas de panne se révélait difficile, voire impossible. Il fallait une nouvelle scie conçue sur mesure en fonction des besoins spécifiques de la scierie. Il fallait également anticiper les problématiques futures pour en faire un outil de travail fiable, durable, « extensible » et modulaire à souhait. « Pendant six ans, nous avons réfléchi au projet, contacté plusieurs entreprises et étudié différentes offres. Nous avons analysé nos comptes et avons pris conscience que nous n’avions pas tous les fonds nécessaires pour son remplacement », explique Thierry. Lors de l’assemblée de l’association de l’industrie du bois suisse (association faîtière des scieries et de l’industrie du bois), Thierry entend parler de l’Aide Suisse aux Montagnards et découvre avec surprise qu’il est, lui aussi, susceptible d’être soutenu. Comme encore de nombreuses personnes, il pensait que seuls les agriculteurs de montagne pouvaient être aidés par la Fondation. En septembre 2016, il adresse à cette dernière une demande de soutien. La visite des deux experts bénévoles en charge du projet et la réponse positive ne se font pas attendre. Surpris et ému, Thierry confie : « Après toutes ces années où j’ai dû faire face à de nombreuses difficultés seul avec ma famille, c’est la première fois que je reçois de l’aide et je suis très reconnaissant ». Loin de rester les bras croisés, toute l’équipe de la scierie s’est investie dans les travaux d’installation de la nouvelle scie. Opérationnelle depuis février 2017, la nouvelle ligne de sciage avec ruban à grume occupe une surface de 60m de longueur. Conçue entièrement sur mesure, l’installation pourra plus tard être agrandie en cas de nécessité. Elle permet aujourd’hui d’augmenter la capacité de sciage de 20% et de répondre rapidement en qualité et en quantité à la demande du marché. La scierie débite désormais 11'000 m3 de grumes par année alors qu’en 1963, le débit annuel était de 250m3.
Un projet porteur
Qu’il s’agisse d’entreprises de construction, de maçonnerie, de revendeurs, de menuisiers et charpentiers indépendants ou de particuliers, tous les clients ont les mêmes exigences : rapidité et qualité du service. Pour garantir des standards élevés, Thierry forme tous les nouveaux collaborateurs à l’interne. Il explique : « Tous les employés sont capables d’effectuer plusieurs tâches et ceci facilite l’organisation du travail. Pour la nouvelle scie, quatre collaborateurs seront formés pour sa conduite. La possibilité de remplacer quelqu’un en cas d’absence permet, d’un côté, de faire ressentir moins de pression au collaborateur et, de l’autre, nous évite d’arrêter la production ».
La scierie Premand est un exemple typique des projets que l’Aide Suisse aux Montagnards aime soutenir : mise en avant des produits suisses, création de postes de travail, viabilité sur le long terme. Pierre Lancoud, expert bénévole en charge du projet et spécialisé dans le domaine du Bois et des Forêts, souligne : « Sans le nouveau ruban à grume, la scierie se destinait à disparaître dans quelques années. La région aurait ainsi perdu un acteur économique important et 13 collaborateurs leur emploi».
Plus d’informations : http://www.scierie-premand.ch
L'aide Suisse aux Montagnards
L'Aide Suisse aux Montagnards est une fondation financée exclusivement par des dons, qui s'est fixé pour objectif d'améliorer les bases d'existence et les conditions de vie de la population suisse de montagne. Elle œuvre pour le développement des espaces économiques et de vie, ainsi que pour la sauvegarde de la culture régionale et l'entretien des paysages, et contribue ainsi à lutter contre le dépeuplement des régions de montagne. En 2017, l’ASM a soutenu quelque 490 projets pour un montant total de 21.4 millions de francs. L'Aide Suisse aux Montagnards arbore le label de qualité ZEWO et l'excellence de son management NPO est certifiée par SQS/VMI.
Source et illustration : Aide Suisse aux Montagnard, communiqué de presse du 22.05.2018