Le montant, dévoilé hier en conférence de presse par l'Association des remontées mécaniques du Valais (RMV), recouvre tant l'amélioration du parc des transports que l'assainissement et l'équipement de nouvelles pistes.
Il ne prend en revanche pas en compte les investissements de plusieurs centaines de milliers de francs réalisés sur nombre de domaines skiables en matière de réfection d'aménagements. "Cette liste n'est pas exhaustive", précise le président des RMV, Arthur Clivaz. "Nous n'avons retenu que les montants supérieurs à quatre millions de francs."
Un chiffre massue mais isolé
Ces investissements sont qualifiés d'importants par les RMV. Sont-ils pour autant impressionnants? Difficile de l'écrire car une base comparative fiable fait défaut. Certes, les entreprises "ont massivement injecté des liquidités depuis deux ans", relève le président Arthur Clivaz. "L'an dernier, on peut estimer à environ 70 millions de francs les montants investis. Mais nous ne disposons pas de données précises." Ni pour le Valais, ni d'ailleurs pour des concurrents comme le Tyrol autrichien. "La comparaison est complexe à réaliser. Il n'y a pas de chiffres connus. De plus, les 80 stations tyroliennes sont différentes, de par leurs structures, des valaisannes."
On connaît les difficultés qu'ont ces entreprises à se financer. Avec des indicateurs économiques défavorables, tel le cours de change euro/franc suisse, leur rentabilité pointe à la baisse alors que la difficulté d'obtenir des crédits prend l'ascenseur. Et le Valais ne dispose pas, à la différence du Tyrol par exemple, d'une banque du tourisme.
Changer le message
Cette situation économique peu encourageante et le lancement du nouveau Snowpass Valais, obligent les RMV à émettre un signal différent envers le grand public. Régulièrement accusées d'avoir traîné les pieds dans le rafraîchissement du parc d'instal lations, les entreprises actives dans ce secteur, qui pèse un peu moins de 2% du PIB valaisan, veulent montrer leur dynamisme. "Même si elles ont un certain retard, nos sociétés croient en leur business et au développement de leurs activités", assure Arthur Clivaz. "Pour contrecarrer la morosité ambiante et démontrer leur volonté de se battre sur un marché très concurrentiel, les remontées mécaniques ont largement investi afin de garantir à leurs clients des conditions toujours plus attractives pour la pratique du ski et du snowboard."
Le président des RMV se veut définitivement le porte-parole de l'optimisme. "La branche pourra aussi compter sur des investissements importants réalisés en matière d'hébergements commerciaux. Ces innovations devraient permettre à l'économie touristique valaisanne de vivre un hiver 2013-2014 serein."
Pour la première fois, les remontées mécaniques du Valais lancent un forfait de saison qui donne accès à tous les domaines skiables du canton, soit cinquante stations et près de 2400 kilomètres de pistes de ski. Baptisé Snowpass Valais/Wallis, ce forfait est d'ores et déjà en vente aux caisses de la majorité des sociétés de remontées mécaniques. "Nous avons souhaité répondre aux attentes des grands skieurs qui aiment changer souvent de stations et découvrir de nouveaux domaines. Désormais, grâce au Snowpass, ils n'ont plus besoin de faire la queue aux caisses, tout devient plus facile", relève Arthur Clivaz, président des Remontées mécaniques du Valais.
Pour 1575 francs
Concrètement, le forfait se décline sous deux formes. La version "unlimited" permet d'accéder à absolument tous les domaines pour un montant de 1575 francs. La version "limited" à 1250 francs donne aussi accès à tous les domaines. Seule contrainte, il n'est possible d'aller que quatre fois à Zermatt/ Cervinia et quatre fois aux Quatre Vallées. Plusieurs rabais sont proposés pour les enfants et les jeunes. "Nous souhaitons favoriser le ski à tous les niveaux et permettre au plus grand nombre de profiter de nos installations", relève Arthur Clivaz. Il précise aussi que "le Snowpass est uniquement un produit hivernal. Le forfait est valable dès maintenant et jusqu'au 4 mai 2014."
Un gros chantier
La création du Snowpass a-t-elle été difficile? "Cela a pris du temps de fédérer toutes les stations. Il a ensuite fallu résoudre quelques contraintes techniques afin d'harmoniser les systèmes et de proposer un forfait accepté dans toutes les stations du canton. Par exemple les Portes du Soleil n'utilisent pas le même système que les autres stations et il a fallu créer une passerelle." Côté objectifs, les Remontées mécaniques du Valais jouent la prudence. "Nous n'avons pas vraiment d'objectifs précis. Notre but était de mettre sur pied un nouveau produit et de résoudre les contraintes techniques. Désormais, nous avons une base de travail qui nous permettra par exemple de réfléchir à des forfaits plus courts pour les touristes", explique Frédéric Bumann, secrétaire des Remontées mécaniques du Valais.
Que pensent les remontées de cette nouvelle idée? "Je pense que c'est un produit tip-top! Chez nous, nous n'allons probablement pas en vendre beaucoup comme nos clients sont majoritairement des locaux, mais c'est toujours intéressant de pouvoir accueillir des skieurs de Verbier ou des autres stations. Je trouve juste dommage qu'il manque une catégorie pour les retraités, mais je suis convaincu que ce forfait va rapidement évoluer", constate Fred Pont, responsable Marketing de Télé Mont-Noble.
Ces 100 millions de francs, sont-ils bien investis à votre avis?
Le chiffre est assez élevé mais il faudrait se baser sur une moyenne pluri-annuelle pour se prononcer. Cela veut en tout cas dire que des projets d'envergure sont encore possibles en Valais dans le domaine des remontées mécaniques.
Vous cautionnez tous ces projets qui sont arrivés à bout touchant cette saison?
Je ne les connais pas tous en détail. Il est clair que certaines entreprises n'ont pas le choix de renouveler les infrastructures afin de garantir l'obtention d'une concession d'exploitation.
Cela dit, prenons le cas d'un gros projet comme celui du téléphérique entre Zinal et Grimentz. Il est vrai que la liaison permet de vendre un domaine skiable plus grand et d'atteindre une certaine taille critique. Mais je pense que la clientèle choisit de moins en moins sa destination en fonction du nombre de kilomètres disponibles sur un forfait. Elle opère davantage sa sélection en fonction de la qualité des remontées mécaniques et des services offerts par une station. Or, on trouve encore sur ces deux domaines skiables certaines installations vieillotes. N'aurait-il pas été préférable de moderniser les remontées existantes? Surtout qu'en général, les liaisons entre stations n'ouvrent pas sur des pistes à haute valeur ajoutée. J'ai l'impression que ce projet à près de 30 millions de francs a été pensé selon d'anciens schémas.
Un master plan des RMV: la solution pour un développement plus harmonieux?
C'est une excellente idée que de réfléchir à l'échelle du canton. La question est: "Où et dans quelle infrastructure va-t-on investir?" Le marché du ski est saturé, voire en déclin. Il suffit de voir l'évolution des journées skieurs mais aussi la tendance générale de la société qui est moins tournée vers la pratique de la glisse. Les remontées mécaniques devront impérativement prendre en compte l'aspect de l'hébergement ou du wellness pour que la réflexion fasse sens.
Source et image : Le Nouvelliste du 06.11.13
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