22.06.2015Les préfets donnent leur vision du Valais central

La région du Centre est confrontée aux mêmes défis. Tourisme, fusions,
urbanisme, les préfets proposent des solutions concrètes.

Le Valais central forme-t-il déjà une unité? Vaste débat qui occupe politiques et citoyens. Les préfets, en leur qualité de coordinateurs privilégiés entre les communes et le canton, sont en première ligne pour répondre à cette question. Si les districts de Conthey, de Sion et d'Hérens ont toujours été historiquement très proches, le district de Sierre s'en rapproche. Et pourtant ! Peut-on vraiment trouver des ressemblances entre Chippis et Chamoson ? "La réponse première est qu'il n'y a rien en commun. Mais il faut regarder de plus près les habitudes des gens. Les personnes travaillent souvent en ville, habitent dans des quartiers résidentiels et font leurs courses dans les grands centres commerciaux de Sierre ou de Conthey", exprime la préfète de Sierre Maria-Pia Tschopp.

Un seul ensemble ?
Pour la préfète de Sion, Evelyne Crettex Reber, le Valais central forme déjà un ensemble qui se retrouvera renforcé par l'agglomération. Elle l'appuie par des chiffres. "Les guerres de village c'est fini ! Le Valais central c'est aujourd'hui 104'000 habitants et 58'000 emplois. Selon les prévisions, dans vingt ans il y aura 144'000 habitants pour 100'000 emplois."

Des fusions qui ouvrent la voie
Reste que les citoyens de Chermignon ne se sentent certainement pas encore très proches de ceux de Veysonnaz et vice-versa. "Les particularités de chaque région perdureront et tant mieux, car ce sont ces différences qui font notre richesse", relate Claude Rapillard, préfet de Conthey. Une preuve tangible de l'unité qui se forme dans la région est la multiplication des projets de fusion. Anniviers, Mont-Noble, Sion et Salins, Crans-Montana, bientôt Sion et Les Agettes ou Miège, Veyras et Venthône, les exemples ne manquent pas. "Le problème réside dans les finances avant tout. Mais il y a également le risque que les personnes compétentes et motivées manquent dans un avenir plus ou moins proche", note Aliette Beytrison, préfète d'Hérens. Dans les communes où le mot fusion n'est pas encore dans l'air, les relations avec les voisins se multiplient. "Il existe toujours plus de conventions ou d'associations entre les communes et certaines d'entre elles se demandent où est la démocratie là-dedans ? Pas que ce soit des relations malhonnêtes, mais que le travail se montre toujours plus important et qu'il vaudrait mieux fusionner", souligne Maria-Pia Tschopp. Les préfets relèvent aussi les soutiens financiers obtenus grâce à la mise en commun des compétences. La cuisine individuelle n'a plus la cote auprès des autorités cantonales et fédérales, mais les pique-niques canadiens sont encouragés.

Un facteur commun : les défis du tourisme
S'il est un facteur qui réunit absolument tous les acteurs du Valais central, c'est bien celui du tourisme. "Il va falloir rapidement se réunir pour trouver des solutions aux défis que représentent la LAT, la lex Weber, etc.", explique Claude Rapillard. Aliette Beytrison relève le retard accumulé par rapport aux autres destinations alpines. "On s'est endormis sur nos acquis, et j'ai l'impression que certains acteurs ont de la peine à se réveiller. Les habitudes de consommation touristique ont totalement changé, il faut s'y adapter." Bien qu'elle relève aussi un retard difficile à combler, la préfète de Sion garde espoir. "Je crois beaucoup dans les liaisons plaine-montagne. Les gens veulent être pris en charge du début à la fin de leur séjour."

Se sentir du Centre
Le débat touristique est infini. Sur ce thème comme sur d'autres (agglomération, exode vers la plaine, formation), le Valais central se construit et l'entité commence gentiment à s'affirmer. Certains jeunes se sentent d'ailleurs déjà Valaisans du Centre, peu importe qu'ils soient Sierrois ou Sédunois. Les préfets ont encore un rôle à jouer dans l'évolution des mentalités des plus anciens.



LES PREFETS SONT BIEN LA
Le Conseil d'Etat voulait les voir disparaître. Le peuple non. Il l'a fait savoir dans les urnes. Les quatre préfets relèvent un énoncé incompréhensible et sanctionné par 8000 bulletins blancs. Les Valaisans seraient-ils pour autant attachés à leurs préfets ? "Difficile à dire. Je pense surtout qu'il y avait trop d'éléments à juger en même temps", note Aliette Beytrison. Pour Evelyne Crettex Reber, "le peuple a montré sa volonté de ne pas modifier ce qui fonctionne". Malgré ce sursis accordé par les Valaisans, l'impression d'une disparition inéluctable prédomine chez les observateurs. "Pas forcément. Il faudra toujours des personnes qui réunissent les acteurs autour d'une table", intervient Claude Rapillard. Même son de cloche pour Maria-Pia Tschopp. "Avec un cahier des charges conforme à notre fonction actuelle, notre rôle peut perdurer."



VAL D'ANNIVIERS ET VAL D'HERENS : DEUX VALLEES SI PROCHES
Le val d'Hérens et le val d'Anniviers semblent avoir été conçus dans le même moule. Les deux vallées se ressemblent comme deux gouttes d'eau, que ce soit vues d'en haut ou d'en bas. "D'ailleurs les Hérensards se sentent plus proches des Anniviards que des habitants de la plaine. Ça semble logique de par la topographie et la culture montagnarde", sourit Aliette Beytrison. De son côté, la préfète de Sierre estime que les deux vallées sont confrontées aux mêmes soucis. "Le tourisme c'est le point névralgique qui fera rester les Anniviards en Anniviers et les Hérensards dans le val d'Hérens."

A quand une fusion dans le val d'Hérens ?
Différence fondamentale entre les deux vals, la politique. Alors que les localités d'Anniviers ne forment qu'une seule commune depuis 2009, le val d'Hérens compte encore cinq communes (Evolène, Saint-Martin, Hérémence, Mont-Noble et Vex). Mais pour combien de temps encore ? "La fusion, ce n'est pas pour demain, mais pour après-demain. Même si ce n'est de loin pas encore à l'ordre du jour, les gens acceptent d'en parler, quelque chose qui était impensable il y a seulement dix ans", explique Aliette Beytrison. En Anniviers, la fusion s'est révélée positive. "L'unité a créé un dynamisme et facilité la gouvernance. Sans oublier le poids économique de la nouvelle grande commune", conclut Maria-Pia Tschopp. De quoi un jour, peut-être, faire envie aux Hérensards...

Comment contrer l'exode ?
Et comme le tourisme n'est pas au sommet de sa forme, le départ des gens originaires des deux vallées se fait, inexorablement. Mais cet exode paraît plus important dans le val d'Anniviers que dans le val d'Hérens. "Il faudra trouver des moyens efficaces et rapides qui permettent de contrer le franc fort, Weber ou la LAT, sinon il sera compliqué de conserver la population en Anniviers, même si elle augmente quand même légèrement tous les ans", poursuit Maria-Pia Tschopp. La préfète d'Hérens relève que la situation dans le val d'Hérens n'est pas si différente. "A part Vex qui se développe bien grâce à sa proximité avec la capitale, les autres communes de la vallée maintiennent leur population tant bien que mal. Les jeunes Hérensards ne construisent plus forcément dans la vallée s'ils n'y ont pas de travail. Les temps ont changé."



AGGLO VALAIS CENTRAL : L'AGGLOMERATION OU LE PROJET FEDERATEUR
En cette période d'assemblées primaires et de conseils généraux, le sujet ressurgit. L'agglomération sédunoise, élargie au Valais central, soulève des questions. Alors qu'une première mesure concrète est en cours de réalisation au nord de Sion (Avenue Ritz), les autres grandes mesures se font attendre. "Tout suit son cours. Les réunions entre les communes et le canton ont lieu régulièrement et d'autres mesures se réaliseront dès l'année prochaine", réagit Evelyne Crettex Reber. La préfète de Sion est présidente du comité de pilotage d'aggloSion. La Confédération a confirmé l'automne dernier l'octroi d'une enveloppe de 32 millions de francs pour l'agglomération sédunoise. "L'enthousiasme des débuts est toujours présent. Mettre en place un si grand projet ne se règle pas en quelques secondes, mais je vous garantis que les responsables communaux que je côtoie sont toujours motivés et prêts à se mettre au travail", intervient Claude Rapillard, préfet de Conthey.

La mobilité, reine des villages-dortoirs ?
AggloSion comme l'agglo Valais central veulent en priorité améliorer la mobilité. Cette nouvelle donne peut faire craindre une tendance encore plus grande à l'extension des communes-dortoirs. "Mais ce n'est pas gênant. Tant que ce ne sont pas des cités, mais des villas individuelles ou des petits immeubles, je ne vois pas de problème", poursuit Claude Rapillard. Evelyne Crettex Reber estime que les communes voisines des villes profiteront tout autant de ces aménagements. "Le fait que la mobilité soit améliorée pourrait tout à fait pousser des entreprises à s'installer ailleurs qu'à Sion ou Sierre. Il ne faut pas la voir que dans un sens."

La route cantonale au centre des débats
Parmi les mesures prévues dans l'agglomération Valais central, l'une des plus importantes concerne la route cantonale entre Saint-Léonard et Ardon : la T9. Si, dans plusieurs communes, on exprime une volonté d'avancer rapidement, les finances cantonales pourraient être un frein. "Je n'ai jamais été pour le double frein aux dépenses. Mais la manne financière promise par la Confédération poussera tout le monde à s'activer. Ce qui est d'ailleurs déjà le cas", conclut la préfète de Sion.
L'agglo reste une nébuleuse très floue pour le commun de la population. Reste que ses effets devraient se percevoir un peu partout dans le Valais central ces prochaines années.



LES DEUX VILLES : SION ET SIERRE, LES COMPLEMENTAIRES
Un centre-ville toujours plus attractif, une volonté de bouger dans le XXIe siècle avec des projets d'importance, des pôles d'innovation, qu'est-ce qui peut encore bien différencier Sierre et Sion ? A la question Sion et Sierre sont-elles deux villes jumelles aujourd'hui, les deux préfètes, un peu surprises, répondent non. "Il y a toujours de vraies différences. Sierre est une ville de quartiers avec une ambiance dans chacun d'entre eux. C'est aussi un passé industriel important et elle souhaite le conserver avec, par exemple, toute la zone de Daval qui sera bientôt prête", réagit Maria-Pia Tschopp. Pour Evelyne Crettex Reber, il n'y a pas non plus de gémellité. "Elles sont complémentaires. Sion c'est l'effervescence de l'EPFL, des grands projets comme Cour de Gare, la liaison plaine-montagne ou l'extension de l'hôpital."

Concurrence entre les deux ?
L'entente est cordiale et les deux exécutifs collaborent fréquemment. Concernant la formation (HES à Sierre et pôles EPFL et de santé à Sion), l'impression d'une concurrence se fait sentir. "Il y a encore aujourd'hui plus d'étudiants à Sierre qu'à Sion. Grâce à la HES, Sierre a une tonalité plus estudiantine. Sans oublier l'école de commerce bilingue qui attire des étudiants venant de tout le canton", sourit Maria-Pia Tschopp. Il y a donc une vraie compétition ? "Je ne crois pas. Chaque ville a ses particularités et a fait ses choix", appuie Evelyne Crettex Reber.

Quelle ville a le monopole de la fête ?
Pendant longtemps, les jeunes Sédunois "montaient" à Sierre festoyer. Les temps ont changé et c'est Sierre qui est souvent qualifiée de ville morte. Alors que les manifestations qui se déroulent dans la capitale semblent pérennes et attirer toujours plus de monde, plusieurs fêtes sierroises ont disparu ces dernières années... "On a beaucoup parlé de la mort du festival BD, mais on oublie toutes les festivités nées après comme le week-end au bord de l'eau, les rencontres Orient-Occident ou encore DreamAgo. Sierre n'est pas une ville morte", souligne Maria-Pia Tschopp. A Sion, la préfète parle "d'une ville qui a pris des accents du Sud avec une vie culturelle et festive très agréable".
Sierre et Sion ne sont donc pas jumelles, mais complémentaires. La saine émulation entre les deux offre un mouvement permanent qui les pousse à avancer côte à côte.


Source : Le Nouvelliste du 20.06.2015
Crédit photo : Louis Dasselborne

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