La petite ébénisterie qu'avait créée Daniel Fournier en 1974 à Martigny ne soutient plus la comparaison avec son groupe actuel, de dimension internationale, qui emploie 118 collaborateurs à temps plein, ainsi qu'une septantaine d'intérimaires par année, et réalise un chiffre d'affaires de 33 millions de francs (70% en Suisse). Certes, l'implantation est restée identique, à Martigny, toutefois sur un nouveau site de 10 000 m2 dès 1989, et l'activité originelle, l'ébénisterie, constitue toujours le socle de l'entreprise, mais avec une articulation d'une tout autre ampleur. En effet, le Groupe Daniel Fournier, ou plutôt Daniel Fournier Holding SA (2008), contrôle en Suisse la société Daniel Fournier Agencement SA (succursales à Genève, Lausanne et Zurich) spécialisée depuis 2006 dans l'agencement d'intérieurs haut de gamme, et Métal ID SA (2007), active dans la serrurerie fine. A l'étranger, il regroupe Daniel Fournier Interior Concepts à Paris, fondée en 2009, et Daniel Fournier International Pte Ltd. à Hong Kong, une plate-forme d'achats et de logistique opérationnelle depuis 2003. L'agencement d'intérieurs constitue l'essentiel des activités, avec les deux tiers du chiffre d'affaires.
Quelles sont les lignes directrices de votre modèle d'affaires?
Nous couvrons toute la chaîne de l'agencement d'intérieurs, depuis nos deux sites de production de bois et métal à Martigny qui fabriquent les pièces, jusqu'à la conception et la réalisation complète des agencements, puis leur maintenance. En complémentarité, nous offrons également des prestations de serrurerie fine, surtout pour l'horlogerie, qui garantissent une synergie dans les projets alliant bois, acier, inox, aluminium, ou encore laiton, et proposons des solutions techniques aux entreprises pour leurs planchers, cloisons et plafonds. Notre cible clientèle suisse et étrangère se focalise sur le haut de gamme des secteurs du commerce de luxe, de la grande distribution, des grandes entreprises, de l'hôtellerie et de la restauration, de la culture avec les musées et les expositions, mais aussi de la recherche avec les laboratoires, sans oublier, bien sûr, les particuliers. Quant à nos développements en matière d'innovation et de créativité, ils sont le fruit de nos équipes d'architectes d'intérieur, de designers et d'ingénieurs, qui redoublent d'audace, forts de leurs compétences. J'insiste encore sur le respect des délais dans la réalisation de nos mandats, et sur l'esprit de famille qui anime notre entreprise, y compris dans la gestion du personnel. D'ailleurs, notre taux de rotation reste particulièrement faible. C'est bien la preuve que nos collaborateurs se plaisent chez nous, ayant notamment la possibilité de se montrer créatifs dans leur fonction réciproque.
En plus de la production de pièces, votre groupe contrôle leur commercialisation et distribution. Est-ce dans le but de mieux maîtriser vos coûts?
Bien sûr, nous réalisons des économies d'échelle. Leur commercialisation et distribution s'effectuent en Suisse pour le marché national et à Paris, pour les marchés français et international. Quant à notre plate-forme de Hong Kong, elle recherche des partenaires industriels internationaux en Europe et en Asie, susceptibles de fabriquer de grandes quantités de pièces à des conditions favorables, puis les distribue sur le plan mondial. Cette configuration m'offre en plus de la flexibilité, si une réorientation de l'activité paraît nécessaire selon l'évolution du marché. Je sais de quoi je parle, ayant vécu plusieurs fois des situations difficiles, où la réactivité s'imposait.
Que produisez-vous à Martigny?
Toutes les pièces en bois et métal sur mesure et uniques. En fait, seules celles ayant une réelle valeur ajoutée sont fabriquées à Martigny, car les coûts de production sont devenus prohibitifs en Suisse.
Comment évolue votre groupe?
Il a atteint sa vitesse de croisière. Elle nous permet de consolider l'acquis, tout en grappillant quelques points de croissance malgré l'âpreté des affaires.
Bio express Daniel Fournier (60 ans)
1967-1971: apprentissage d'ébéniste chez Iten
1972-1974: Ebéniste chez Peyla, puis responsable de fabrication chez Goy
Dès 1974: Prise d'indépendance avec la création de l'ébénisterie Daniel Fournier
Depuis 25 ans: président radical de la commune de Dorénaz
Distinction: prix sommet en 2010
Source :
Le Nouvelliste du 19.02.13
Journaliste : Didier Planche
Photo : hofmann/a