11.01.2019L’ecav disparaît, vive l’édhéa

Pour son 70e anniversaire, l’ECAV devient l’édhéa. S’ajoutent à cela l’intégration aux hautes écoles et la perspective d’un nouveau bâtiment à plus de 30 millions de francs à Sierre.

En prenant ses fonctions de directeur de l’Ecole cantonale d’art du Valais, Jean-Paul Felley l’avait dit, il voulait que les choses bougent, et qu’elles bougent vite. Un peu plus de six mois plus tard, le constat est plus que clair. Les choses ont bougé à une vitesse édifiante. Alors même que l’institution fête son 70e anniversaire, elle se voit dotée d’un nouveau nom
– l’édhéa pour Ecole de design et Haute école d’art du Valais –, d’une nouvelle ligne graphique, elle sort du modèle de la fondation pour intégrer celui des hautes écoles, et devrait pouvoir emménager dans de nouveaux locaux devisés à plus de 30 millions de francs à la rentrée 2023.

UN NOUVEAU NOM POUR ÉQUILIBRER LES DEUX PÔLES DE L’ÉCOLE

Le directeur l’avait également très vite relevé, «quand on dit ECAV, les gens entendent souvent ECAL»… Pour marquer
le changement de paradigme, il était nécessaire de changer l’image globale de l’institution. D’où l’édhéa, acronyme
qui met à égalité les deux pôles de l’école, à savoir celui de la Haute école d’art qui compte 65 étudiants et celui des arts appliqués qui compte 152 étudiants, focalisé prioritairement sur le graphisme. «Il faudra marteler, répéter… Cela prendra une bonne année pour que les gens aient totalement intégré ce changement de nom mais c’était un changement nécessaire.» Cette mue identitaire s’accompagne d’une refonte de la ligne graphique, accomplie par le bureau parisien Baldinger•Vu-Huu, qui a été jusqu’à créer une nouvelle police de caractères typographiques inspirée par le Valais pour la communication de l’édhéa.

L’INTÉGRATION AU SYSTÈME DES HAUTES ÉCOLES SYNERGIES GAGNANTES

«La décision du Conseil d’Etat le 19 décembre d’intégrer la Haute école d’art à la HES-SO a été une grande nouvelle pour le conseil de fondation», s’est félicitée Maria-Pia Tschopp, présidente dudit conseil. «Notre école va gagner en visibilité, en compétitivité, et elle pourra jouer dans la ligue des grands. Le corollaire de tout cela, c’est que la fondation de l’ECAV va disparaître puisque ses buts sont caducs. Une autre fondation sera créée pour soutenir des projets hors enseignement.» «Cette intégration n’est pas simplement administrative», a quant à lui précisé François Seppey, directeur de la HES-SO Valais Wallis. «Le but est de garantir dans le futur la pérennité et le développement d’une formation artistique de niveau tertiaire en Valais et de permettre de développer la recherche appliquée. Les synergies profiteront à la HES-SO dans son ensemble.»

UN FUTUR BÂTIMENT À SIERRE POUR PLUS DE 30 MILLIONS DE FRANCS

La question du déménagement de l’ECAV a beaucoup agité le canton. «Nous devions résoudre deux problèmes: celui du pôle musique à Sion qui est prioritaire pour la ville, et celui du manque d’espace de l’ECAV. La solution sierroise, «oecuménique», fait sens», plaidait Christophe Darbellay, chef du Département de l’économie et de la formation. L’emplacement n’est pas encore défini, mais reste surtout à résoudre la question du coût et du calendrier du projet.
«L’objectif est la rentrée 2023. Et le coût souhaité serait de l’ordre de 30 ou 35 millions de francs.» Le président de Sierre, Pierre Berthod s’est félicité de pouvoir conserver l’édhéa dans sa ville. «C’était un choix de bonne synergie entre Sierre et Sion.» Rappelons que la contribution attendue de la ville est la mise à disposition du terrain, 10% des frais de construction et 10% des frais de fonctionnement.

RAYONNEMENT DE GRANDES AMBITIONS

«Il y a encore un gros travail à faire, mais nous voulons hisser l’édhéa au même niveau que les deux principales écoles d’art de Suisse romande, la HEAD et l’ECAL.» Jean-Paul Felley rappelait que la première, genevoise, vient d’emménager dans de nouveaux et immenses locaux, que la deuxième, basée à Renens, a elle aussi opté pour un site unique. C’est encore le modèle structurel adopté par les écoles d’art de Zurich, Berne, Bâle, Lucerne… L’édhéa va donc entamer un travail de rayonnement vers l’extérieur, avec une vaste campagne d’affichage positionnant la nouvelle identité visuelle, la création de deux résidences d’artistes, l’une dans le cadre de la structure La Becque à La Tour-de-Peilz, l’autre en Australie en collaboration avec la Fondation Opale de Lens. Et surtout, elle va multiplier les événements, à commencer par des portes ouvertes le 26 janvier. «L’édhéa est à Sierre, mais elle est l’école d’art du Valais. On doit agir partout en Valais et bien au-delà.»

RECHERCHE ET TRANSVERSALITÉ

L’édhéa veut faire de la recherche interdisciplinaire une grande force de l’enseignement qu’elle dispense. Un premier programme a déjà été mis sur pied, qui crée une rencontre fertile entre art et science. ArtinLab est un dispositif qui met en lien l’ensemble des domaines des hautes écoles de la HES-SO Valais Wallis. «Ce sera un incubateur d’idées où  scientifiques et artistes travailleront de concert, en situation. Cela montre la volonté de la HES-SO de donner des moyens à la recherche artistique. Car, au-delà du métier d’artiste, la créativité est aujourd’hui nécessaire à tous les domaines d’activité», soulignait François Seppey.

En savoir plus

 

Source : Le Nouvelliste du 11.01.2019, Jean-François Albelda
Image : @édhéa


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